Émétophobie: Peur à en vomir
LA journée où tout a basculé…vers la guérison!
Nathalie Thibault (Février 2018)
Bonjour chers membres du groupe et tous ceux et celles qui liront cette chronique en dehors du groupe. Aujourd’hui, je voudrais vous partager un moment très intime de ma guérison…donc je me mets à nu pour vous expliquer le cheminement que j’ai fait pour passer d’émétophobe à Ex-éméto…ou plutôt LA journée où tout a basculé
Pour faire court, j’étais émétophobe depuis aussi jeune que je me souvienne. J’en ai même fait une profession! Je suis microbiologiste et je donne des formations en prévention des infections pour prévenir les infections et la gastro! Le risque de vomir a toujours géré ma vie jusqu’à ce jour…
Cela faisait plusieurs semaines que je vivais une angoisse énorme et que je dormais mal. Je savais que la saison de la gastro battait son plein car je recevais des téléphones de services de garde désespérés en plein éclosion de gastro. Après plusieurs semaines d’angoisses dans le tapis, je commençais à sérieusement avoir de vrais problèmes physiques qui étaient le résultat de l’usure. Ces symptômes étaient présents et je connaissais très bien leurs origines. Par contre, je n’avais plus besoin de la cause (peur de l’émétophobie) pour qu’ils se déclenchent. Ils étaient autonomes… Quand j’ai réalisé cela, j’ai vraiment eu peur car je devenais tranquillement mais sûrement inapte à fonctionner normalement. L’émétophobie m’avais volé beaucoup de soirées entre amis et famille et de belles occasions de profiter de la vie. L’émétophobie m’avait enlevé une liberté de penser et d’agir, mais tout ce temps, je m’étais toujours débrouillée, sans médicament et sans rien, pour que ma famille ne manque de rien (argent, temps, loisirs, bons petits repas et autres). En fait, de l’extérieur j’avais l’air tout à fait normale, voir même au-dessus de mes affaires, j’étais pas mal freak des germes mais cela était tout-à-fait normal, j’avais le FRONT idéal pour avoir l’air freak, je suis microbiologiste et formatrice en prévention des infections! Moi, j’avais le droit d’exiger de l’hygiène de tous!!!
Mais ce matin là, j’ai découvert que la phobie avait pris un coin de territoire de plus, j’allais devenir tranquillement mais sûrement inapte à faire mes affaires de tous les jours…emprisonnée dans ma maison…
J’étais dans ma chambre, impossible de bouger au pied du lit, le regard vide complètement tétanisée et affolée par cette illumination de vérité qui s’offrait à moi. La phobie allait gagner tout ce qui me restait de potable et de fonctionnel en moi, ce cancer de la pensée allait me tuer à petit feu. Je me suis mise à pleurer comme si j’avais perdu un proche d’une tragédie. Complètement en sanglots, vous savez ces sanglots qui vous empêchent de respirer tellement ils sont gros. Après une séance de pleurs qui m’a parut une éternité. Je me suis fâchée, une colère qui ne s’était pas exprimée depuis un bon moment qui provenait de la femme rabrouée, oubliée, éteinte par la phobie et l’anxiété, la femme qui voulait sa liberté, sa paix intérieure…une colère qui vient du fond, de très profond…
Il faut que je vous dise que j’ai toujours été, et le serai toujours, une battante tête de mule…et pas mal contrôlante en plus. Disons une autoritaire qui s’assume. Un peu trop directe parfois, franche toujours et les gants blancs ne font pas partie de ma garde-robe relationnelle…C’est alors que je me suis parlé comme j’aurai fait avec n’importe qui dans la situation sans le moindre malaise. En fait, je me chicanais moi-même!
”Là Nath, ça pus d’allure pantoute ton affaire. Tu dépenses trop d’énergie pour cette peur là, tu es entrain de devenir folle. Tu es entrain de te rendre malade. Ça vaut pas la peine CRISS….(un sacre très senti, putain pour les Européens). Là je me suis mise (toujours en colère noire) à hurler à Dieu tout en pleurant et en regardant au plafond (oui je suis chrétienne pas pratiquante mais bon…) : OK c’est bon, je capitule, je me rends, je ne suis plus capable, je ne peux en endurer davantage! Envoi moi tout le vomi de la terre, là! maintenant! Qu’on en finisse! Fais moi vomir pendant des jours et des jours pour que je sois correcte après. Si je vomis en public et que je fais une crise de nerf, ils me rammasseront (les ambulanciers) en petite boule entrain de pleurer dans mon vomi. Je m’en fous, ils penseront ce qu’ils voudront. J’ai le droit au respect, je peux pas croire que quelqu’un ne viendra pas à mon secours si en vomissant je deviens non fonctionnelle et en crise. Je ne suis plus capaaaaaable! Je fais un pacte avec toi. J’accepte le risque de vomir, le vomi et tout le reste, toi, tu me protèges. Tu décides de la part de vomi qui me revient. Je vais accepter peu importe ce que tu m’envois comme vomi. Je me rends, je capitule.”
Là, à genoux au sol, les yeux bouffis, les larmes qui coulent. C’était fini, j’avais tuer la phobie au coeur de mon âme, je l’avais totalement acceptée, j’avais pris le pari d’accepter le risque, j’avais remis le contrôle à autre entité que moi sur cet aspect. J’avais accepté la présence du vomi dans ma vie. J’avais refusé de lui laisser plus de terrain, elle en avait déjà assez pris depuis mon enfance.
À partir de cette journée, une paix inhabituelle s’est installée tranquillement mais sûrement dans mon coeur et dans ma tête. Quand la phobie voulait prendre le dessus, je lui disais que c’était fini, que j’acceptais de vomir et que de toute façon ce n’était pas moi qui décidait et que si j’avais à vomir, bien que je ne pourrais rien faire pour ça, que d’accepter.
J’ai commencé tranquillement à faire des choses que jusque là je n’aurais jamais osé faire comme prendre un petit verre de vin, sortir dans les foules loin de la sortie, dormir. Toute une transformation s’est effectuée en moi sur plusieurs mois. Je réparais les dommages à mon corps causés par l’anxiété.
La suite….plus tard….
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