Émétophobie: Peur à en vomir
Bonjour chers membres du groupe et tous ceux et celles qui liront cette chronique en dehors du groupe. Aujourd’hui je voudrais vous partager comment une personne souffrant d’émétophobie devient épuisée mentalement et physiquement.
Lorsque l’on souffre d’émétophobie, cette peur irrationnelle et intense de vomir, on devient hyper alerte à tous signes et symptômes de soi et d’autrui. Nuit et jour, on est en état de vigilance constante au cas où…quelqu’un ou soi vomirait. Les émétophobes vivent souvent dans la constante anticipation que l’object de leur peur se produise, même s’il ne se produit vraiment pas souvent!
Notre cerveau devient hyperactif à scanner les gens et lieux autour de soi à la recherche de signes qui pourraient indiquer qu’une personne a vomi, ou qu’elle est sur le point de vomir ou que quelqu’un ne se sent pas bien.
Voici de qui pourrait se produire comme pensées déroulantes dans la tête d’une personne émétophobe:
Je trouve que Julie est pâle, j’espère qu’elle va bien et qu’elle ne vomira pas.
Martin mange beaucoup trop, il va avoir mal à l’estomac, c’est certain et peut être vomir.
Sophie tousse beaucoup, bizarre.
La toilette est bien loin ici, qu’est-ce que je vais faire si j’ai envie de vomir.
Mon conjoint travaille ce soir, je suis seule avec les enfants, et s’ils étaient malades, qu’est-ce que je vais faire?
Bois pas trop vite, tu vas avoir mal au ventre.
Même la nuit!
Je me rappelle de mon époque d’émétophobie active quand j’avais de jeunes enfants…Chaque nuit était un vrai supplice, chaque nuit je me couchais sans trop vouloir me coucher en anticipant un enfant malade ou un conjoint malade. Parfois, je me réveillais en sursaut parce qu’un de mes enfants toussaint un peu ou parlait dans son sommeil. La nuit pour les émétophobes n’est pas de tout repos. Nos oreilles écoutent. On dort, mais on est éveillé, on est à l’écoute, je ne sais pas comment vous l’expliquer, on dort mais on est conscient de tout ce qui arrive autour.
Cet état de vigilance constante fait de vous un appareil de détection qui fonctionne 24/24, 7/7 et 365/365…ce qui peut être très épuisant mentalement et physiquement.
Je me rappelle mon soulagement lorsque le cadran indiquait 5h30-6h00 du matin, la nuit était presque finie, j’avais survécu et personne n’avait été malade.
Vous seuls, chères personnes souffrants d’émétophobie, savez à quel point on dépense de l’énergie mentale à scanner notre environnement, à trouver des raisons ou astuces pour éviter des situations et des gens dans le seul but de se prémunir de voir quelqu’un vomir, d’être pris pour vomir en public ou de récolter un germe passant par là…et on paie très cher pour cela, on en paie un fort prix de notre énergie au quotidien.
Il faut chercher des trucs pour ralentir nos pensées et calmer ce cerveau surexcité:
Voici quelques moyens que moi j’ai utilisés pour calmer cette cervelle hyperactive!
La nuit, pour quelques mois durant la phase très active de la phobie, j’ai dû prendre des somnifères prescrits pour recharger mes batteries.
Les fonds sonores (bruits de fond) de feu qui pétillent, de grillons, de laveuse à linge ou autre m’ont beaucoup aidé à me calmer. (application Calm)
Les respirations lentes.
Les visites chez l’acupuncteure.
Les promenades en nature en famille.
La lecture! La lecture m’a beaucoup aidée à changer mon univers mental, ou du moins à occuper ma cervelle l’espace de quelques minutes.
Les méditations sur youtube
Devenir en état de contemplation devant une chandelle ou un feu (j’adore les feu de foyer)
etc.
Le mot d’ordre ici est : chercher tout ce qui peut vous déposer, vous ralentir, vous apaiser un peu.
C’est différent pour chacun. C’est vrai, ça ne vous guérira pas, mais c’est la première clé pour recharger tranquillement votre énergie et pour avoir accès à votre réflexion. Toujours dans la l’émotion et la vigilance, on n’est pas capable de réfléchir pour guérir!
Nathalie Thibault, Microbiologiste agréée, ex-émétophobe 26 octobre 2023
Laisser un commentaire